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Les diagnostics des troubles alimentaires

Les troubles alimentaires sont des désordres complexes caractérisés par une perturbation des attitudes et du comportement alimentaire, qui entravent le bien-être psychologique et la santé des personnes. Les troubles alimentaires peuvent se manifester sous diverses formes et intensités.

Le Diagnostic and statistical manual of mental disorder-V (DSM-5TM) de l’American Psychiatric Association (APA, 2013) reconnait huit diagnostics à la grande catégorie des troubles de l’alimentation et des troubles des conduites alimentaires (TCA) (ang. Feeding and Eating Disorders):

  • La boulimie;
  • L’hyperphagie;
  • L’anorexie;
  • L’évitement ou la restriction alimentaire;
  • Le pica;
  • Le mérycisme;
  • Les troubles de l’alimentation et des TCA spécifiés ( Other Specified Feeding of Eating Disorder);
  • Les troubles de l’alimentation et des TCA non spécifiés ( Unspecified Feeding of Eating Disorder).

Il est toutefois important de retenir qu’il n’est pas nécessaire de rencontrer l’ensemble des critères diagnostiques pour considérer un soutien professionnel. Les troubles alimentaires non traités ont tendance à persister [1, 2] et à s’aggraver avec le temps [3, 4]. Ils peuvent avoir de sérieuses répercussions physiques, psychologiques et sociales.

Boulimie
  • La boulimie se définit par des épisodes récurrents de crises de boulimie. Les crises de boulimie ont lieu au cours d’une période de temps limitée (ex. : une période de deux heures) où la personne ingère une quantité de nourriture définitivement plus importante que ce que la majorité des gens consommeraient dans une période de temps et dans des circonstances similaires. La crise de boulimie est aussi accompagnée d’un sentiment de perte de contrôle (ex. : un sentiment d’incapacité à arrêter de manger ou d’incapacité à contrôler le type de nourriture et la quantité ingérée).
  • La personne présente également des comportements compensatoires inappropriés et récursifs dans le but de prévenir une prise de poids. Ces comportements peuvent par exemple se manifester par des vomissements autoprovoqués, une utilisation inappropriée de laxatifs ou de diurétiques, par des jeûnes ou par une pratique d’exercice physique excessive.
  • Les crises de boulimie et les comportements compensatoires surviennent en moyenne au moins une fois par semaine depuis trois mois.
  • L’estime de soi est excessivement influencée par le poids corporel et la forme du corps.
Hyperphagie
  • L’hyperphagie réfère à des épisodes récurrents de crises de boulimie. Les crises de boulimies sont associées à au moins trois des éléments suivants : manger beaucoup plus rapidement que normalement, manger jusqu’à se sentir inconfortablement plein, manger une grande quantité de nourriture en l’absence de signaux physiques de faim, manger seul parce que la personne est embarrassée de la quantité qu’elle ingère, se sentir dégoûté de soi, déprimé ou très coupable après avoir mangé.
  • Les crises de boulimie sont marquées par une détresse importante et elles surviennent en moyenne au moins une fois par semaine depuis trois mois.
  • Contrairement au trouble de boulimie, les crises de boulimie de l’hyperphagie ne sont pas associées à l’utilisation récurrente de comportements compensatoires inappropriés.
Anorexie
  • L’anorexie correspond à une restriction de la consommation énergétique par rapport à ce qui est requis et qui résulte en un poids corporel significativement faible selon l’âge, le sexe, la trajectoire développementale et la condition physique de la personne.
  • La personne présente soit une peur intense de prendre du poids ou de devenir grosse, soit des comportements persistants qui empêchent une prise de poids malgré un poids corporel significativement faible.
  • Ce trouble s’accompagne d’une altération de la perception du poids corporel ou de la forme du corps, d’une influence excessive du poids corporel ou de la forme du corps sur l’estime de soi, ou d’un manque de reconnaissance de la gravité de l’état de maigreur.
  • L’anorexie se divise en deux sous-types : soit le type restrictif ( restricting type) ou le type avec crises de boulimie/vomissements ou prise de purgatifs (ang. binge-eating/purging type).

Le type restrictif s’impose lorsqu’au cours des trois derniers mois, la personne n’a pas eu recours à des épisodes récurrents de crises de boulimie ou à des comportements purgatifs (ex. : vomissements provoqués, prise de laxatifs, diurétiques ou des lavements). La perte de poids est donc principalement le résultat d’une restriction alimentaire, d’un jeûne ou d’une pratique excessive d’exercice physique.

L’autre type, avec crises de boulimie/vomissements ou prise de purgatifs, s’impose lorsqu’au cours des trois derniers mois, la personne a eu recours à des épisodes récurrents de crises de boulimie ou à des comportements purgatifs.

Troubles de l’alimentation et des TCA spécifiés
  • Le diagnostic des troubles de l’alimentation et des TCA spécifiés est posé lorsque les symptômes occasionnent une détresse significative ou qu’ils interfèrent avec le fonctionnement psychosocial de la personne, mais qu’ils ne sont pas suffisants pour rencontrer l’ensemble des critères d’un des diagnostics précédemment mentionnés.
  • On dit alors qu’il s’agit d’un trouble alimentaire spécifié, car le clinicien aura précisé la raison pour laquelle le cas ne satisfait pas tous les critères. Le clinicien peut par exemple utiliser cette catégorie lorsque le client présente tous les critères diagnostiques de l’anorexie, mais qu’il maintient un poids normal.
Troubles de l'alimentation et des TCA non spécifiés
  • Ce diagnostic est posé lorsqu’une personne présente plusieurs symptômes qui occasionnent une détresse significative ou qui interfèrent avec son fonctionnement psychosocial, mais qui ne sont pas suffisants pour rencontrer l’ensemble des critères d’un des diagnostics.
  • Dans ce cas précis, toutefois, le trouble est non spécifié, car le clinicien ne précise pas la raison pour laquelle le cas ne satisfait pas les critères. Cette situation peut se produire lorsque l’information est insuffisante. Par exemple, lorsque la personne est admise aux urgences de l’hôpital, le médecin ne dispose pas toujours suffisamment de renseignements sur elle.

Il est essentiel de souligner que ces deux dernières catégories ne sont pas une indication d’un trouble moins sévère. Il s’agit de catégories qui présentent une différente configuration de symptômes. Lorsqu’un comportement ou une attitude alimentaire gêne le fonctionnement ou le bien-être psychologique, il peut justifier un traitement.

  1. Kotler, L.A., et al., Longitudinal relationships between childhood, adolescent, and adult eating disorders. Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry, 2001. 40: p. 1434-1440.
  2. Neumark-Sztainer, D., et al., Five-year longitudinal predictive factors for disordered eating in a population-based sample of overweight adolescents: Implications for prevention and treatment. The International Journal of Eating Disorders, 2009. 42: p. 664-672.
  3. le Grange, D. and K.L. Loeb, Early identification and treatment of eating disorders: prodrome to syndrome. Early Interv Psychiatry, 2007. 1: p. 27-39.
  4. Sancho, C., et al., Epidemiology of eating disorders: A two year follow up in an early adolescent school population. European Child & Adolescent Psychiatry, 2007. 16: p. 495-504.
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