Aider un proche qui a un trouble alimentaire

Aider un proche qui a un trouble alimentaire

En tant que parent, frère, sœur, ami ou collègue d’un être cher qui a un trouble alimentaire, on peut se sentir démuni devant la maladie. Toutefois, les proches peuvent avoir une influence positive dans le rétablissement du trouble. Mais comment pouvez-vous réellement aider votre proche? Et quelles sont les limites de votre rôle?

Voici quelques conseils pour vous aider à accompagner un proche ayant un trouble alimentaire :

  • Renseignez-vous sur les troubles alimentaires. Mieux comprendre permet de mieux aider. Les troubles alimentaires sont des désordres complexes. En règle générale, ils n’ont rien à voir avec la nourriture: ils sont plutôt le symptôme d’un autre problème. Adressez-vous à des professionnels, consultez des sites Internet fiables. L’organisme Anorexie et Boulimie Québec (ANEB) offre divers services (ex. : ligne d’écoute, groupe de soutien) s’adressant aux proches.
  • Aidez la personne à reconnaitre le trouble alimentaire. La personne peut nier son trouble alimentaire. Faites part de vos inquiétudes et de vos sentiments sans la juger, sans culpabiliser ni chercher à faire la morale. Choisissez un jour où vous êtes tous les deux calmes, même si vous n’avez pas envie de « gâcher » un bon moment. Parlez au « je ». Par exemple, vous pourriez dire « Je m’inquiète de te voir t’isoler ». Ou encore « Je me sens préoccupé de te voir t’en faire pour ton poids ». N’oubliez pas que, devant la résistance de la personne à reconnaitre le trouble alimentaire, il vaut mieux lâcher prise afin de préserver votre canal de communication.
  • Encouragez la personne à consulter une aide spécialisée en troubles alimentaires. Lorsque la personne reconnait qu’elle présente un trouble alimentaire, vous pouvez l’aider à repérer les ressources professionnelles disponibles. Par la suite, il en sera de sa responsabilité de poursuivre les démarches.
  • Soyez à l’écoute. Nombreux sont ceux qui ressentent de la solitude ou de la honte face au trouble alimentaire. Une oreille attentive, douce, empathique est si précieuse! Devant la détresse, l’humain a tendance à rapidement donner des conseils. Offrez surtout votre écoute.
  • Respectez le rythme de votre proche. Ne l’obligez pas à changer ses attitudes alimentaires. Ainsi, si la personne présente une restriction alimentaire, n’essayez pas de la raisonner ou de l’inciter à manger. Cela vous mènera sur un champ de bataille plutôt que vers la résolution du problème.
  • N’obligez pas la personne à cesser les compulsions alimentaires. La survenue d’une crise alimentaire n’est pas question de volonté. Imposer à la personne de cesser les crises alimentaires serait peu empathique à sa situation. Cela pourrait être perçu comme une tentative de menace ou de contrôle sur sa vie.
  • Évitez les commentaires concernant le poids, l’apparence ou la nourriture. Qu’ils soient par rapport aux personnes de l’entourage, aux personnalités publiques ou à soi-même, qu’ils soulignent un gain ou une perte de poids, qu’ils soient négatifs ou positifs, les commentaires concernant le corps ou l’alimentation, c’est non! Ces commentaires perpétuent les obsessions et le trouble alimentaire.
  • Contribuez à un environnement favorable à table. Pour ce faire, évitez les discussions concernant l’alimentation, le poids, l’exercice, les régimes, etc.  Focalisez sur des sujets légers. L’idée est de détendre l’atmosphère à l’heure du repas, alors mettez de côté les frustrations et les irritations. Vaut mieux les exprimer à un autre moment. Lorsque le repas est prêt, débutez sans trop tarder. L’attente accentue l’angoisse de la personne ayant un trouble alimentaire.
  • Après un repas, il peut être souhaitable de prévoir une activité. La personne pourrait ainsi mieux tolérer l’inconfort physique et psychologique associé à sa prise alimentaire. Une telle activité peut aussi aider la personne à résister à l’envie d’avoir un comportement compensatoire (ex: vomissement, exercice physique, prise de laxatifs, etc.) pour contrer l’effet de la récente prise alimentaire.
  • Questionnez-vous sur vos propres attitudes quant au corps ou à l’alimentation. Prendre conscience de vos propres attitudes malsaines, afin de devenir un modèle sain, favorise leur changement. Êtes-vous soucieux de votre alimentation? Priorisez-vous les aliments légers? Adhérez-vous à des régimes? Faites-vous de l’exercice dans le but de perdre du poids? Entretenez-vous une relation pernicieuse avec votre pèse-personne? Cependant, rappelez-vous que plusieurs facteurs contribuent au développement d’un trouble alimentaire. Inutile de vous culpabiliser.
  • Maintenez vos habitudes alimentaires habituelles (à moins que vous ayez identifié qu’elles sont mésadaptées). Modifier vos habitudes en fonction de la personne ayant un trouble alimentaire serait donner raison au trouble alimentaire.
  • Connaissez vos limites. La responsabilité d’aider votre proche ne devrait pas reposer que sur vos épaules. En vous octroyant le rôle de psychologue, et malgré votre bonne intention, vous pourriez encourager des comportements ou des croyances néfastes. Votre fonction en tant que proche n’est pas de soigner.
  • Soyez patient et réaliste. Le rétablissement peut être long et le parcours est rarement linéaire. Il pourra être ponctué de périodes de rechutes. Gardez espoir, il est possible de se rétablir complètement d’un trouble alimentaire. Une attitude optimiste et réaliste peut rassurer la personne. Et, en plus, c’est contagieux!
  • Prenez soin de vous-même. Misez sur des activités qui vous plaisent et côtoyez ceux qui vous font du bien. Si vous videz votre batterie, vous ne serez plus en position d’aider votre proche. En prenant soin de vous-même et en respectant vos besoins, vous devenez aussi un modèle pour cette personne. Les personnes ayant un trouble alimentaire ont tendance à prioriser les besoins des autres et à s’oublier.
  • N’hésitez pas à chercher de l’aide pour vous-même. Un trouble alimentaire peut avoir des répercussions sur tout l’entourage. Il peut susciter une foule d’émotions comme de l’impuissance, de la frustration ou du désarroi.

 

Écrit par Dre Marie-Eve Turgeon, psychologue



Avez-vous des préoccupations excessives liées à l’alimentation et au poids?
Croyez-vous que l’un de vos proches présente un trouble alimentaire?