Est-ce que l’on peut choisir son poids? Le principe du poids d’équilibre

Est-ce que l’on peut choisir son poids? Le principe du poids d’équilibre

Nous connaissons tous des gens qui ont de saines habitudes alimentaires, qui bougent pour le plaisir et qui ont toujours eu un surplus de poids. Inversement, nous connaissons aussi des gens qui mangent des aliments moins nutritifs, qui sont sédentaires et qui, malgré tout, sont minces. Mais pourquoi ?

Qu’est-ce que le poids d’équilibre?

Le poids d’équilibre, parfois aussi appelé poids naturel, est sans rapport avec l’indice de masse corporelle (IMC). Il n’est généralement pas non plus celui socialement suggéré par les médias et il n’est peut-être pas non plus celui souhaité. Il s’agit d’un poids qui est déterminé par nos gènes et qui est gouverné par des processus physiologiques très puissants et hors de notre contrôle. Ainsi, si l’on s’écarte de ce poids, le seul but du corps sera de retrouver ce poids. Le poids d’équilibre est le seul poids que l’on puisse maintenir en respectant les signaux de faim et de satiété. C’est pourquoi manger selon ces signaux peut faire maigrir si l’on est au-dessus de notre poids naturel ou faire grossir si nous sommes en dessous.

Une analogie qui illustre bien le principe du poids d’équilibre est celle d’une bouée qui flotte sur l’eau. Au cours d’une même journée, la bouée oscille sur de petites vagues. Les fluctuations de poids sont normales; elles sont dues à plusieurs facteurs, tels que le niveau d’hydratation, la digestion, le cycle menstruel, etc. Pour enfoncer la bouée sous le niveau de l’eau, il faut exercer un effort constant. Cela est fatigant, contraignant et peu réaliste à long terme. C’est l’une des raisons pour lesquelles les régimes ne fonctionnent pas. Si l’on relâche la pression exercée sur la bouée, elle retourne flotter sur l’eau. En d’autres mots, si l’on a une relation saine avec la nourriture, le poids n’augmente pas indéfiniment. Il se stabilise naturellement au poids d’équilibre. Il y aura des écarts dans notre alimentation .La gourmandise est inévitable; elle fait partie des petits plaisirs de la vie. Ces écarts ponctuels n’auront cependant pas d’influence définitive sur notre poids. Si 75% du temps l’acte alimentaire est basé sur l’écoute des signaux de notre corps, nous devrions maintenir un poids naturel [1].

Quelques réserves quant au poids d’équilibre

Le poids d’équilibre est donc le poids que nous sommes programmés à avoir toute notre vie. Bien qu’il soit génétiquement programmé, cela ne veut pas dire qu’il ne puisse pas se dérégler. Certaines réserves doivent donc être formulées à l’égard du poids d’équilibre.

D’abord, le poids d’équilibre varie en fonction de l’âge. Entre 20 et 60 ans, les femmes gagnent en moyenne 8 kg et les hommes 12 kg [2]. Prétendre vouloir peser le même poids à 50 ans qu’à 20 ans est alors peut-être de l’ordre de l’illusion.

Chaque personne possède aussi une capacité à multiplier les cellules graisseuses [2]. Il est donc vrai que certaines personnes ont plus de facilité que d’autres à grossir. Un adipocyte est une cellule de stockage d’énergie. Lorsque nous consommons plus d’énergie que nous en dépensons, l’énergie supplémentaire est emmagasinée dans nos cellules adipeuses (adipocytes) et leur volume augmente. Ce processus est appelé hypertrophie adipocytaire et il est réversible. Donc, lorsque les excès alimentaires cessent, les adipocytes reviennent à leur taille initiale et la personne retrouve son poids. Par contre, lorsque les excès alimentaires se perpétuent, les adipocytes atteignent une taille maximale et elles ne peuvent plus stocker l’énergie excédentaire. Pour pallier à cette situation, le corps fabrique de nouvelles cellules adipeuses. Ce processus est appelé hyperplasie adipocytaire et il n’est pas réversible. La personne a donc un plus grand nombre de cellules graisseuses et son poids naturel est à jamais plus élevé.

La pratique répétée de régimes favorise ce phénomène de multiplication des cellules graisseuses. Il est bien connu que les régimes sont associés à une perte et à une prise de poids rapide, c’est ce qu’on appelle le fameux effet yo-yo.  Cet effet rebond s’observe après avoir privé son corps de nourriture. Lors du regain de poids, le processus d’hyperplasie adipocytaire est enclenché. Je rappelle qu’il s’agit du processus qui est irréversible. Ainsi, l’adhérence à un régime rend plus difficile le retour au poids d’équilibre et augmente le poids d’équilibre. La personne se retrouve avec un nouveau poids d’équilibre qui est plus élevé que celui qu’elle avait avant de suivre un régime. L’industrie du régime ne se vante pas de vous faire grossir! Une personne n’ayant fait aucun régime et qui a maintenu un poids relativement stable au cours de sa vie aura donc plus de facilité à demeurer à ce poids qu’une personne dont le poids a subi l’effet yo-yo des régimes.

La santé et le poids

On associe à outrance la santé au poids. Le nombre sur le pèse-personne est loin d’être le seul déterminant de notre état de santé. Sachez que certaines personnes peuvent être minces parce que leur poids génétique est ainsi, mais cela ne signifie pas pour autant qu’elles sont en bonne santé. À l’inverse, avoir un surplus de poids parce que notre poids génétique est ainsi ne signifie pas être en mauvaise santé. La définition de la santé selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est globale et va bien au-delà du poids. Être en santé selon l’OMS est un état complet de bien-être physique, psychologique et social.

Gardez aussi en tête que malgré que l’IMC soit un calcul largement répandu et utilisé par plusieurs professionnels de la santé, il ne peut, à lui seul, permettre de savoir si vous êtes en santé. Ce calcul fut inventé par Adolphe Quetelet il y a plus de 200 ans et il n’a pas été initialement conçu pour être un indicateur de santé. Plusieurs critiques sont formulées à l’égard de ce calcul.

En conclusion

En connaissant le principe du poids naturel, on est alors confronté à l’évidence qu’on ne peut pas choisir son poids comme on nous le laisse entendre. En fait, le poids est comme la couleur des yeux; cet attribut physique ne se choisit pas.

Où est donc notre pouvoir pour se sentir mieux dans son corps? Quelle est l’option la plus souhaitable? Lutter toute sa vie contre son poids d’équilibre ou lâcher prise sur ce combat pour mieux se libérer d’une souffrance… La résistance augmente généralement notre souffrance…

Écrit par Dre Marie-Eve Turgeon, psychologue

 

Références :

  1. Arbour, G., & Petitpas, J. (2018). Lundi je me mets au régime! Un guide pratique pour retrouver un poids naturel et se défaire de l’hyperphagie boulimique. Montréal, Québec : Les Éditions La Semaine.
  2. Zermati, J.-P. (2011). Maigrir sans régime. Paris, France: Odile Jacob.


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