Artisan de compassion Partie 3 : Comment cultiver la compassion envers soi

Artisan de compassion Partie 3 : Comment cultiver la compassion envers soi

Quelques pistes pour cultiver la compassion envers soi

Comme toute nouvelle pratique, cultiver la compassion pour soi est une aptitude qui se développe. Il faut donc s’y entrainer, à l’image de n’importe quel nouveau sport. Notez aussi qu’il vaut mieux s’exercer à la compassion lorsqu’on se porte bien. Tout comme il vaut mieux apprendre à nager dans une piscine en eau calme, plutôt que dans l’océan lors d’un ouragan. Pour vous guider dans cette nouvelle posture envers soi, voici quelques pistes. Elles sont tirées du manuel de Paul Gilbert [1], le psychologue fondateur de la thérapie focalisée sur la compassion.

 

La compassion sous le duvet

Idéalement, il vaut mieux pratiquer tous les jours la compassion pour soi. Les journées étant déjà bien occupées, un exercice approprié consiste à prendre quelques minutes le matin, avant de vous lever. Couché dans votre lit, exprimez sur votre visage une expression faciale de compassion. Focalisez-vous sur votre désir réel de faire preuve de sagesse et de compassion. L’idée est que le contrôle de l’expression faciale entraine une modification de l’émotion vécue. Cet exercice peut aussi être réalisé dans votre bain ou dans le train.

 

De l’imagerie au comportement

Faites des choses avec compassion pour les autres ou pour vous-même. Par exemple, vous pouvez vous donner le défi quotidien de poser une action manifeste de compassion pour vous, pour un proche ou pour un inconnu. Chaque jour, au coucher, prenez cinq minutes pour vous remémorer ce moment agréable de votre journée. Vous pouvez également prendre le temps de sourire à un inconnu que vous croisez sur la rue. Aucun besoin d’agir avec extravagance. Restez dans la simplicité.

Attention. Ici, il importe de distinguer un comportement de soumission d’un comportement réel de compassion.

 

Rédaction d’une lettre de compassion

Rédiger une lettre qu’on s’adresse à soi-même, qu’on peut relire au besoin lors de moments difficiles, peut aider à assimiler les défis rencontrés sur notre chemin. Le rétablissement d’un trouble alimentaire, par exemple, sera certainement ponctué de défis.

Préalablement à l’écriture, fermez les yeux et prenez un instant. Imaginez-vous être une personne qui fait preuve de compassion; qui est sage, douce, chaleureuse, compréhensive et sans jugement envers vous-même. Pour faciliter l’exercice, vous pouvez imaginer répondre à un ami qui présente des difficultés similaires aux vôtres. Que voudriez-vous lui dire? Peut-être que vous prendriez un instant pour tenter de comprendre les défis ou la douleur qu’il traverse. N’allez pas trop vite dans les conseils. Soyez d’abord attentif à la souffrance.

Par exemple, vous pouvez rédiger une lettre de compassion à relire dans les moments où vous dénigrez votre apparence physique. Plus on se compare et se blesse avec des paroles cinglantes, plus on se sent moche et plus on entretient une image corporelle négative. Tentez de voir comment parvenir à vous parler autrement.

 

Persistez dans votre pratique de compassion pour soi

Il s’agit ici de quelques pistes pour cultiver la compassion envers vous-même. Au besoin, n’hésitez pas à consulter un psychologue qui pourra vous accompagner. Les sentiments de compassion peuvent prendre du temps à fleurir. C’est comme apprendre à jouer du piano : il faut de la pratique avant de commencer à ressentir la musique qu’on joue. Il se peut donc qu’on agisse avec compassion avant même de la ressentir. Mais le comportement peut favoriser le développement de la compassion, alors traitez-vous avec compassion. Ce qui compte, c’est l’intention et la motivation de devenir quelqu’un qui fait preuve de compassion.

 

Écrit par Dre Marie-Eve Turgeon, psychologue

 

Référence

  1. Gilbert, P. (2010). Compassion focused therapy: The CBT distinctive features series. Hove, England: Routledge.
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